Il y a eu, dans la bande dessinée, une génération fameuse après-guerre, avec Franquin, Peyo, Morris, qui ont popularisé Spirou, Gaston, les Schtroumpfs et Lucky Luke. Sur le moment, on ne s'en est pas trop rendu compte, la bande dessinée ne bénéficiait alors d'aucun crédit. Hugues Dayez, qui a déjà publié le Duel Tintin-Spirou et Tintin et les héritiers, fait le pari qu'il y a aujourd'hui une nouvelle génération d'auteurs qui n'ont pas encore forcément atteint un aussi grand public, mais dont la pointure artistique serait comparable. En un demi-siècle, l'image de la bande dessinée a changé. Les parents ne considè-rent plus comme une humiliation sociale que leurs enfants se lancent dans cette carrière. Ce sont les auteurs qui la trouvent mauvaise quand on résume leur profession à des «petits Mickeys» pour des gamins. En huit chapitres de 24 pages exactement chacun pour ne pas faire de jaloux (Dupuy et Berberian parlent très bien de la jalousie), Hugues Dayez s'est entretenu avec neuf auteurs (puisque Dupuy et Berberian ont été interviewés comme ils travaillent, ensemble). Lewis Trondheim a refusé l'interview mais a dessiné la couverture et n'est donc pas entièrement absent du livre.
Tous dessinateurs et scénaristes, tous nés entre 1959 et 1971, persuadés que la bande dessinée doit se nourrir de la vie et non de la bande dessinée, les auteurs parlent de leur biographie mais surtout de leur travail, de leurs problèmes théoriques et pratiques. Blain: «On ne peut pas faire peur en