Isaac le Pirate, si on veut, oui, c'est un pirate, mais c'est surtout un peintre, un dessinateur, un type qui se laisse embarquer pour l'au-delà des mers parce qu'il aime les bateaux, qu'il admire les marines et que la peinture seule ça ne nourrit pas son homme (ni la fiancée de son homme qui s'appelle Alice, qui est belle comme un coeur et quand on a une femme comme ça on ne va pas courir les mers au risque de la perdre, mais c'est leur affaire et l'un des suspenses les plus touchants des volumes, on tremble pour leurs amours enfantines et antipodiques), bref, donc, à la suite de circonstances circonstanciées bien racontées dans le premier volume, Isaac embarque sans trop savoir pour où vers un lointain ailleurs qui n'est pas nommé mais on s'en doute un peu puisque le premier tome, paru l'an dernier, s'appelle Les Amériques. Isaac Sofer est juif, Alice goy, mais ils vont se marier quand même, c'est ce qu'ils disent, si jamais ils se revoient. Il a le nez pointu comme un crayon bien taillé, mais, on ne devrait pas le dire, au milieu du deuxième livre, les Glaces, le nez en prend un coup dans une bagarre, nez pointu, nez battu, nez tordu, nez foutu.
En fait, après que le bon docteur Henri Demelin, chirurgien, polyglotte et assassin, eut invité Isaac à des croquis ultra-marins, notre héros se retrouve dans le navire de Jean Mainbasse, pirate pétaradant qui veut conquérir le pôle Sud pour lui donner son nom, la Mainbasse, éventuellement peuplée de Mainbassiens, et, encore mieux