Menu
Libération
Critique

Chat suffit.

Article réservé aux abonnés
Les animaux mélancoliques du Suédois Lundkvist.
publié le 24 janvier 2002 à 21h47

D'habitude, dans Lapin, le journal de l'Association, les histoires de Klas Katt (c'est un chat) sont en couleurs. Là, pour l'édition album, on les a repeintes en noir, et, du coup, elles paraissent moins glau-ques. En effet, il faut atteindre un certain degré de cynisme pour arriver à rire de Klas Katt. Par exemple, si vous avez un job minable, une grande misère sexuelle, des amis décervelés et que vous préférez globalement rester couché plutôt qu'autre chose, la dilatation de la rate est garantie. La première planche s'intitule «Nuit sur la planète mort» et on y voit Klas Katt dans la pénombre, regardant par la fenêtre, fumant devant un café, ne faisant rien, puis dans son lit, yeux ouverts (six cases). Parfois, les histoires sont moins minimalistes, comme le jour où l'on vient installer le câble dans l'immeuble de Klas. L'un des deux techniciens abrutis s'exclame devant la (petite) bibliothèque: «Il y en a des bouquins ici! Vous êtes professeur? Hein? Ha ha!» Parmi les rares autres incursions dans le réalisme, on compte encore un bureau d'aide sociale, un lavomatic, un supermarché et un journal, Suède Soir.

Ce chat mélancolique et désertique vit seul, mais il a des compagnons d'infortune, en particulier un chien nommé Olle Blatt qui, pour avoir une copine et un père, n'en est pas moins dépressif (il le serait même plus). Face à nos deux antihéros, un seul animal est heureux, c'est le cochon, personnage récurrent baptisé Gradsuif, et qui incarne la bêtise autosatisfaite. Cep