Mari et femme. Paradis, purgatoire et linge sale. Et enfer, et damnation, et rédemption. Tout cela, au moins, réuni sous les deux mots usés, les deux vieilles mécaniques, dont on ne sait pas trop si elles sont crasseuses ou évidentes. En tout cas certainement aussi curieuses que la foi. Car on part de haut avec Zeruya Shalev, qui a fait des études bibliques, puis on s'écrase, doucement, l'impact fait long feu, il se décortique à la façon d'un incendie, en se propageant, en trouvant des ramifications brutales et souples.
Un Mari (Oudi), une Femme (Naama) et une enfant (Noga). Trinité, simplement conçue, dès l'enfance où Oudi et Naama étaient déjà inséparables. «Mes seins lui ont poussé dans les mains», dit Naama. Puis leur enfant qui naît, toute petite lumière réjouissante, qu'ils entretiennent et attisent de leurs deux souffles. Image heureuse du bébé blanc qui gigote dans le lit conjugal, entre ses parents éblouis.
Mais c'est la belle couleur des souvenirs, surexposition qui atténue les cernes, les yeux rouges ou le tremblement des lèvres. Aujourd'hui, leur fille Noga a 10 ans et leur couple frit et clapote comme une mauvaise huile. Quelque chose de pourri.
Ils travaillent. Oudi fait visiter le désert aux touristes. «Ses excursions [...] loin de la maison, et dont il revenait, indifférent et distant, les mains vides de caresses.» Naama est assistance sociale, elle travaille auprès de filles-mères, dans une «belle maison nimbée de tristes secrets où des filles désespérées monte