Le livre se termine par ces mots: «C'est fini», mais nous sommes à ce moment si près de Pierre et de Sacha qu'il nous faut du temps pour admettre que le livre, lui aussi, touche à sa fin, pour nous autres, lecteurs, ce qui est fini est d'un autre ordre: Pierre et Sacha se quittent, ils se quittent avant même de s'être trouvés, ils se quittent parce qu'ils ont mal refermé chacun dans leur coin une histoire plus ancienne, plaie ouverte. Alors, forcément, le livre est fini, il est clos sur ce qu'il ne dit pas. Là est la force d'écriture d'Arnaud Guillon, il rapproche le lecteur de son histoire en prenant des distances, en ne disant rien, en laissant deviner qu'il y a autre chose de blessé. Livre court, écriture courte et serrée, comme si le geste d'écrire procédait de la soustraction, que la seule peur soit d'en dire trop, que la seule raison de dire soit la pudeur de se taire, et la moindre des courtoisie de ressembler à son narrateur.
Pierre Lavonne a 37 ans, il habite près de la place Saint-Sulpice (à Paris, le nom de la ville n'est pas cité, sinon sur la quatrième page de la couverture), il écrit et revoit souvent sa Normandie. Arnaud Guillon aussi. Sacha est belle et blonde, elle a une fille et sait les langues étrangères, ils ne se ressemblent guère et s'assemblent un peu. Lui a mal quitté Marie, elle ne sait oublier Vincent. Guillon n'élève jamais la voix, n'écrit pas un mot plus haut que l'autre, et son charme naît de ce qu'il ne dit pas, de Céleste qu'on aime pour le pe