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Libération

Milieu ouvert.

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publié le 7 février 2002 à 22h05

Patrick Chamoiseau a pris deux semaines de vacances pour venir parler de son livre en métropole. Il vit et travaille en Martinique. Il y est éducateur en milieu ouvert. Chaque jour, il se rend au tribunal de Fort-de-France. Il y entend «des misères affreuses, des langages étranges, des voix incompréhensibles.» Il ne l'utilise pas dans ses livres, mais son métier lui est indispensable: sa charge imaginaire héroïque est recadrée par les vies des délinquants et des fous qu'il accompagne; ce qu'il appelle «la partie sombre de l'humanité». Il explique que l'état de ces jeunes empire chaque année: «Avant, c'était assez clair. Il y avait le petit voleur, le braqueur, le meurtrier, le fou, etc. Désormais, tout se mélange au sein d'une même personne. Nous avons de plus en plus de cas de multipathologies, de gens trop dangereux pour être à l'hôpital, trop fous pour être en prison, trop les deux pour être dehors. Il faut repenser tout le système, inventer d'autres types d'équipes soignantes, d'autres structures. Il est très difficile de tenir une société quand toutes les valeurs traditionnelles s'écroulent, comme c'est le cas. La violence est devenue folle. Elle est sans aucun but et tourne sur elle-même. Que faire? Je ne suis pas fabriquant de recettes.» Ici, l'écrivain reprend le dessus: «Il faudrait trouver un nouvel épique, forger un nouvel imaginaire. C'est la seule façon de bâtir une identité relationnelle. La langue est fondamentale pour ça. Si je peux faire quelque chose, c'est