«C'est à ce moment-là qu'elle m'a frappée une sombre odeur de fauve, trop forte pour être civilisée, trop puissante pour être dissimulée. Une odeur si impudique n'appartient qu'à la nuit... Je me suis assise en hâte et j'ai tiré mon pull sur mon bas-ventre. Après cet épisode, l'odeur est venue me hanter. Une puanteur terrible.. venue d'un égout de Nairobi où l'on jetait les chiens morts.» Lila est une jeune Indienne du Kenya, expédiée à Paris après la mort de son père. Exploitée par son oncle dans une épicerie du faubourg Saint-Denis, bouclée par sa tante dans une HLM de Bobigny, elle se retrouve bientôt fugueuse, sans papiers, paumée et assaillie par une odeur qui la terrifie. «Un matin de 1991, entre le réveil et le moment où on ouvre les yeux, j'ai eu l'idée de cette femme qui pensait qu'elle puait. J'ai écrit cette histoire pour savoir qui elle était», raconte Radhika Jha, l'auteur de l'Odeur. «Cette odeur est une métaphore de cette partie d'elle-même que Lila n'accepte pas: son impuissance, les racines qu'elle n'arrive pas à couper. Mais c'est aussi sa sensualité, une connection naturelle et intuitive qui la lie au monde, elle qui a tant de mal à se lier avec les gens. Cette odeur n'est pas complètement négative: elle la rend victime, mais elle lui permet aussi de s'en sortir.»
L'Odeur est un roman indien qui se passe à Paris et Radhika Jha (tunique rouge et bindi sur le front) est indubitablement indienne, mais elle pourrait aussi bien être parisienne: sa connaissance