Comme le fait remarquer le compositeur Pascal Dusapin, «les moyens de la littérature se suffisent à eux-mêmes», ce n'est donc pas la peine, pour en parler, de recourir à des métaphores (harmonie, mélodie...) qui feraient de la musique une sorte de valeur «ajoutée». Du coup, disons simplement que le travail sur la vitesse est essentiel dans l'écriture de Cadiot, à l'instar des manipulations rythmiques dans la musique contemporaine, mobiles, en invention permanente. C'est une sorte de tectonique où glissent les unes sur les autres différentes cadences de parole, puisque ses textes sont tissés de textes empruntés au réel: «Ça vous fait rire? eh bien mon petit coco ça existe vraiment, j'ai connu une famille des montagnes totalement amoureuse de ses vaches, ils leur chantaient des chansons, concert privé dans l'étable pour améliorer le lait, on fait ça aussi pour les plantes, mon yucca adore Brückner, je plaisante, ce n'est pas du coeur c'est du pâté de tête, je fais mariner dans une vinaigrette à l'échalote, mangez ça avec des cornichons nom de Dieu, s'adressant à moi, resté seul debout, n'osant pas m'asseoir.»
De fait, les livres d'Olivier Cadiot se lisent comme des partitions, mais qui seraient suffisamment souples pour supporter de multiples interprétations. «Un roman traditionnel, poursuit Dusapin, bon ou mauvais, peut se lire à n'importe quelle vitesse. Olivier a, quant à lui, une sorte de rapport organologique à son texte, il connaît la résistance, l'inertie de son matériau