Dans l'Amérique de la fin du XXe siècle, c'est moins le cul (avec les incontournables du sexe hard que sont Tom of Finland côté garçons et la Canadienne G.B. Jones côté filles) que la communauté, les modes de vie homosexuels, voire l'intégration sociale et les droits civiques, qui sont à la fois rendus visibles et caricaturés par quelques auteurs, eux-mêmes gays ou lesbiennes, de bande dessinée. Si Alison Bechdel (1), chroniqueuse intime et ironique des tics rigolos, des utopies politiques et des délires non-fumeurs de ses «Lesbiennes à Suivre» (le titre générique de ses albums, depuis 1983) décrit une «sociabilité» lesbienne un monde où l'hétérosexualité n'a guère droit de cité , Howard Cruse, au contraire, s'attache dans Un monde de différence à montrer les tensions et les difficultés d'un personnage homosexuel, sorte de stéréotype de banalité blonde nommé Toland Polk jeté dans le Sud américain et confronté, non seulement à la peur et à l'homophobie, mais surtout au racisme via son amant noir, Ginger Raines. Cette sorte de Maus version pédé, aux pages saturées et aux personnages parfois confus mais dont la pilosité est méticuleusement traitée, constitue sans doute l'une des références qui ont rendu possible au Français Fabrice Neaud d'éditer tous les deux ou trois ans un gros volume de son journal en bandes dessinées; journal dont l'énonciateur est homosexuel mais qui englobe plus largement l'environnement «école des beaux-arts» d'une petite ville de province française.
Critique
Bitch boys.
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publié le 21 février 2002 à 22h21
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