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Libération
Critique

Hyuna, maux d'absence

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Par une dessinatrice née en 1974 , sept récits sur la disparition, le couple et les désirs empêchés.
publié le 21 février 2002 à 22h21

C'est une histoire si invraisembable qu'elle mérite d'être vraie: Hyuna aurait dû être soprano mais, sauvagement attaquée par un ours dans un zoo (l'histoire ne dit pas comment), elle fut blessée au larynx et se consola aux Beaux-Arts de Tournai. Née en Allemagne en 1974, Hyuna rappelle au lecteur de BD (essentiellement masculin) que, dès qu'il ouvre un livre de fille, il a envie de proférer des inepties sexistes: par exemple qu'elles ont le trait gracile, vaguement recourbé (comme le colonel Moutarde ou l'ovni Lucie Durbiano, aperçue dans le premier numéro de la Tohu Revue) et une insécurité qui met le dessin au large dans la page (Pauline Martin). Dans ce Métropolitain, les femmes ne s'amusent pas tellement. Sept récits aux tons très différents mettent en scène l'absence, le couple, les désirs empêchés. Il y a Mme Ducrocq, qui lit des romans d'amour, tandis qu'une couturière nommée Tosca Nabouko recherche son père inconnu. On croise un couple qui se sadise à travers la nourriture et une serveuse blessée par la goujaterie de «l'architecte», le frère de son ami. On suit les rêveries de Lisabet qui est avec Thomas mais s'adresse en songe à un amour d'enfance. Deux hommes creusent la disparition d'une femme. L'un apprend la mort d'une ancienne condisciple et n'ose plus retourner au supermarché où travaille la mère de celle-ci, l'autre dépose chaque jour des roses sur une tombe: «On s'attache à des objets pour retenir la fausse présence de quelqu'un. Des objets qui ne sont null