Bernard Ménétrel, intime de Pétain qu'il servit durant les années sombres tant comme secrétaire particulier que comme médecin s'est attiré, dès l'Occupation, une sulfureuse réputation. Que les uns l'aient accusé d'avoir saboté la collaboration en évinçant Pierre Laval le 13 décembre 1940, que les autres lui reprochent d'avoir aligné la France sur le Reich en facilitant le retour du même Laval en 1942, tous s'accordent à le considérer comme l'âme damnée du vainqueur de Verdun.
L'ouvrage que Bénédicte Vergez-Chaignon consacre à cette éminence grise ramène les choses à leurs justes proportions. Intime de Philippe Pétain, Bernard Ménétrel le fut indiscutablement et ce bien avant la guerre. Soigné par Ménétrel père, le maréchal considérait le jeune Bernard comme un fils et s'employa à le former, veillant sur sa réussite professionnelle et prodiguant sans compter ses conseils. En 1940, le jeune interne devint médecin personnel du ministre devenu bientôt chef de l'Etat français. Le jeune homme (il avait alors 35 ans) doublait cette fonction d'une influence politique puisqu'il obtenait dans la foulée le secrétariat personnel de Philippe Pétain. Par lui transitaient donc demandes d'audience, courrier personnel (3000 lettres par jour ouvrable pour les dix premiers mois de 1942...)... et fonds secrets que le bon docteur affecta en partie à la propagande. Proche de l'extrême droite avant guerre, Ménétrel croyait en effet et à Pétain, et à l'ordre nouveau que Vichy s'efforçait d'imposer s