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Libération
Critique

Rencontre du type du troisième

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Lionel Duroy publie son huitième roman: «Méfiez-vous des écrivains». A qui le dites-vous ?
publié le 21 février 2002 à 22h21

Huitième roman, douzième livre, Lionel Duroy est un écrivain professionnel, il sait ce qu'il fait. En tout cas, il devrait. En littérature, l'ambition est une vertu, et Méfiez-vous des écrivains, au delà de la provocation et de l'autodérision du titre n'en manque pas: il s'agit tout bonnement de montrer comment du réel on fait écriture, et le livre se range modestement (et immodestement) sous l'aile de John Steinbeck qui en fournit l'exergue, «Il y a des gens qui diront que ce conte est un mensonge, mais quelque chose qui n'est pas arrivé n'est pas forcément un mensonge.»

L'enjeu est simple, comme un exercice d'école de littérature: un narrateur, Luc Esline, emménage dans un nouvel immeuble, une fabrique de chaussures divisée et reconvertie en appartements, sa femme l'a quitté, son fils de 3 ans lui est parfois confié, Luc se fixe comme projet de noter scrupuleusement dans son journal, la réalité de son installation, ce qu'il sait de ses voisins et les relations humaines de cette petite communauté vicinale qui finit par l'intégrer. Ce journal, qu'on suppose livré aux lecteurs brut de décoffrage emplit la moitié du livre sous l'appellation de «carnet», en alternance avec les vrais chapitres du roman qu'il engrosse sous nos yeux, et, pour qu'on ne les confonde pas, la typographie et la maquette les désignent: un corps plus petit et un miroir de page plus étroit pour le carnet (et, donc, plus gros et plus large pour le roman). On ne peut pas se tromper. On se trompera.

Au début l