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Libération
Critique

La rébellion permanente.

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Des plus spectaculaires aux plus infimes, l'historien Jean Nicolas a recensé les milliers de révoltes venues d'en bas qui ont forgé la conscience sociale et fourni le terreau de la Révolution française. Entretien.
publié le 28 février 2002 à 22h26

«Tout ce qui est important est répété», aimait à dire Ernest Labrousse, persuadé à juste titre que les événements spectaculaires expriment moins la vérité d'une époque que la multiplicité des petits faits répétés dans la longue durée. C'est aussi le credo de Jean Nicolas, longtemps professeur à Paris VII et de longue date spécialiste reconnu des contestations populaires. Son livre ne manque pas d'ambition puisqu'il s'agit de recenser toutes les «rébellions», des petites aux grandes, qu'a connues la France entre 1660 et 1789. L'intérêt de cet ouvrage n'est pas tant dans sa méthode puisque cette recherche quantitative se situe dans le droit fil de l'histoire qui a dominé les années 1960 et 1970, quand l'historien comptait et mesurait non seulement les données économiques mais aussi l'alphabétisation des Français ou leur comportement démographique. L'originalité de sa recherche est ailleurs, dans le formidable travail de ratissage systématique des archives, réalisé grâce à l'aide d'une équipe d'universitaires, afin de repérer les traces de cette multitude d'incidents. On connaît désormais année par année le nombre, la nature et l'intensité des protestations populaires, ayant au moins mobilisé cinq personnes. Mais s'il croit au chiffre, Jean Nicolas est aussi un véritable amoureux de l'archive et du vécu quotidien qu'elle permet de retrouver, et son livre se présente d'abord comme une description minutieuse de multiples rébellions significatives, reconstituées dans toute leur ép