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Libération
Interview

La subversion par la base.

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Révoltes contre les impôts, les seigneuries, le blé trop cher et la police de l'Etat. Tour d'horizon avec Jean Nicolas de la montée rébellionnaire.
publié le 28 février 2002 à 22h26

Pourquoi avoir maintenu dans vos recherches le cap sur l'histoire sociale de l'Ancien Régime et ses approches globales en un temps où elles semblent avoir perdu de leur attrait ?

Dans les décennies 1960 et 1970, les historiens comme leurs lecteurs étaient encore portés par un optimisme de connaissance globale. Nous vivons aujourd'hui une phase de fragmentations et de replis. Il devient très difficile d'appliquer des grilles de lecture unifiantes à un monde éclaté et disparate, saisi à travers les flashs d'une information rapide. D'où la méfiance à l'égard des larges explorations de terrain et le succès d'approches plus parcellaires: l'inusable biographie, le fait divers hissé au rang de «paradigme», ou encore cette floraison de regards dits critiques où l'historiographie se substitue à l'enquête historique de base. Or celle-ci est loin d'être achevée, et je reste convaincu que des remises en question salutaires sont possibles dans ce que l'on croyait déjà bien connaître.

Votre livre explore les rébellions françaises au XVIIIe siècle. Des rébellions contre quoi ou contre qui?

Elles concernent tous les aspects de la vie sociale. Et d'abord l'impôt, moins l'impôt direct (la taille) comme au XVIIe siècle, que les prélèvements indirects qui ont beaucoup augmenté à partir de Colbert. Ensuite le pain, protestations contre la disette et le blé trop cher. Puis contre l'appareil judiciaire ou policier de l'Etat. Nombreuses aussi les révoltes contre la seigneurie, de plus en plus souvent