Jean Nicolas appartient à une génération d'historiens qui, plus qu'aucune autre, a été marquée par l'atmosphère politique de son époque. Né en 1928 en Ardèche, de parents instituteurs appartenant à une tradition laïque militante, il s'inscrit à la Sorbonne en 1946 pour faire des études d'histoire. Il rencontre un milieu très marqué par l'esprit de la résistance et surtout le communisme. Comme beaucoup d e jeunes intellectuels, il prend sa carte du Parti. Cet engagement en faveur des luttes sociales ou contre la guerre d'Indochine sera, pour cette génération qui a 20 ans au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à l'origine de nombreux liens d'amitié. Ils rapprocheront ceux qui , dans les années 1970 et 1980, formeront la fine fleur de l'historiographie française, les Perrot, Richet, Furet, Le Roy Ladurie, Agulhon, Ozouf, et bien d'autres encore. «Nous étions en recherche de sens, explique Jean Nicolas, avec le souci d'établir une jonction passé-présent». Leur attirance n'allait bien sûr pas vers la vieille Sorbonne, Jean Nicolas fera d'ailleurs l'essentiel de sa carrière à Paris VII. Seul Ernest Labrousse, l'historien le plus influent de l'après-guerre, échappait à leur critique parce qu'il se réclamait de Jaurès et que son histoire sociale, très novatrice dans son usage du quantitatif, était inspirée par sa référence à Marx. Cette vague de jeunes talents se mit donc à étudier les rapports sociaux, en particulier aux XVIIIe et XIXe siècles et c'est sous la direction de La
Portrait
Le grand Nicolas.
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publié le 28 février 2002 à 22h26
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