Santiago H. Amigorena, né à Buenos Aires voilà quarante ans, a vécu six ans en Argentine, puis six ans en Uruguay, puis «six fois six ans» en France, ce qui fait quarante-huit ans, soit huit de trop: huit ans dus à la fantaisie exagérée des mots et peut-être des tables de multiplication, mais aussi à un temps plus long, plus lourd, plus douloureux que les autres: le temps de l'exilé, qui «ne peut rien oublier: il n'a pas de terre pour enterrer ses souvenirs». En France, Amigorena est désormais scénariste d'un cinéma qu'il est convenu d'appeler d'auteur: il a écrit certains films de Cédric Klapisch (le Péril jeune), de Laurence Ferreira Barbosa (Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel), d'Agnès Merlet (le Fils du requin), de Brigitte Rouan (Post-coïtum animal triste) et d'Idrissa Ouédraogo (Samba Traoré).
Sur le site Internet de son éditeur, il se présente ainsi: «Santiago Amigorena, muet de naissance et plus, écrit un livre pour s'oublier, des articles pour s'ennuyer, et des scénarios pour oublier de s'ennuyer.» On y apprend aussi qu'«après avoir passé le plus clair de son temps entre son dentiste et son psychanalyste», cela en Amérique du Sud, «il a aujourd'hui 35 ans et presque toutes ses dents». Ce qui indique trois choses: l'auteur est bien argentin; sa présentation n'a pas été actualisée; il a un goût enfantin, à la fois ludique, lourd et un peu cuistre, pour la langue d'arrivée, le français, mais aussi pour les réminiscences des emphases et hyperbates de la langue de