Henry David Thoreau, né en 1817 et mort en 1862, fut un personnage et un écrivain si particuliers qu'il fut considéré comme un hurluberlu avant de devenir un des grands noms de la littérature américaine. Michel Granger écrit dans son avant-propos au recueil Désobéir (10/18): «Il se peut également que la qualité même de sa pensée délibérément atypique, paradoxale, ait rebuté maint lecteur lors d'un premier contact. D'une simplicité apparente, et revendiquée telle, elle se révèle fort épineuse par les contradictions, les revirements, la multiplicité des facettes sous lesquelles elle se présente, à tel point que ses ouvrages sont difficilement classables et que, suivant les époques, les raisons de lire Thoreau ont varié: il a intéressé les naturalistes et les musiciens, mais aussi les philosophes, les végétariens, les non-violents ou les libertaires.»
La solitude lui pesait apparemment si peu qu'il s'installa dans les bois pendant deux ans pour vivre l'expérience qu'il écrira dans son oeuvre la plus célèbre, Walden (traduit chez Aubier, l'Age d'Homme et Gallimard), sous-titré «la Vie dans les bois». Il fut un ami de Ralph Waldo Emerson qui lui offrit, en 1841, le gîte et le couvert «en échange du travail qu'il lui plaira de faire» et qui dit: «Quant à prendre le bras de Thoreau, je prendrais plus volontiers celui d'un orme.» Dans sa présentation à Cap Cod (Imprimerie nationale), Pierre-Yves Pétillon cite Nathaniel Hawthorne sur Thoreau: «Il a vécu parmi nous comme un Indien» et