D'entrée, Jean-Jacques Deluz annonce son parti pris: «Alger est ma ville d'adoption. C'est celle que j'aime et que je connais plus que toutes les autres. Elle a été ma vie, avec les amertumes et les bonheurs qui en font le sel». Ce rapport-passion de plus de quarante ans fait de Alger, chronique urbaine un livre d'architecture aussi particulier que personnel, presque austère aussi. Débarqué en 1956 dans la capitale algérienne, cet architecte suisse publia en 1988 un premier livre «sans état d'âme». Une décennie plus tard, il décide de le compléter par une vision plus subjective, impliquant son expérience «j'ai fait un peu de tout à Alger, de l'enseignement, de l'urbanisme, de l'architecture» , ses souvenirs et ses déceptions.
La baie l'une des «trois plus belles du monde avec Rio et Istambul», selon l'architecte italien Moretti y est sublime. L'arrivée par mer aussi. «C'est comme dans un film, écrit Deluz. Les passagers se regroupent le long des bastingages pour découvrir la ville promise au loin. Les détails se dessinent, la ville nous enveloppe et la lumière, les couleurs, l'incroyable mélange d'unité et de diversité nous subjuguent.» Pourtant, Alger dépérit, capitale sale, délabrée, saccagée qu'on repeint à la va-vite quand il faut faire illusion, mais qui, plus que toute autre, fascine. «La ville s'abîme car il n'y a a pas de bons gestionnaires urbains et que les problèmes sociaux et démographiques dépassent les capacités de l'économie telle qu'elle est gérée», dia