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Critique

Le fruit est dans le vers.

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La rigueur de la poésie didactique comme tremplin d'une parole contemporaine: Philippe Beck, théorie et pratique.
publié le 7 mars 2002 à 22h31

L'antipathie, ce n'est pas rien. La poésie didactique non plus. Parlons d'abord de celle-ci. Le genre didactique nous ramène avant le romantisme mal compris, avant le règne de la poésie lyrique. Or, comme son nom l'indique, la poésie didactique n'exprime aucun sentiment, elle enseigne et permet de mémoriser, par le rythme. Des exemples fameux sont le De natura rerum de Lucrèce, l'Art poétique de Boileau ou les Fables de la Fontaine. Le XVIIIe siècle en raffola. La poésie didactique n'est pas exactement sexy, témoin cette variation physicienne de Lebrun-Pindare: «Rien ne périt, tout change, et mourir c'est renaître./ Tous les corps sont liés dans la chaîne de l'être» (la Nature, 1807). Si Philippe Beck intitule son recueil Poésies didactiques, c'est donc par une sorte de provocation, de contre-pied.

De fait, Beck ne verse pas dans la facilité et son oeuvre attire le commentaire. En 2000, la revue la Polygraphe lui consacrait un dossier spécial où figure un long entretien (abondamment cité ici) avec Pascal Boulanger et Paul-Louis Rossi. La même année, Christian Prigent lui dédiait un chapitre de son Salut les modernes, Jean-Luc Nancy postfaçait Dernière mode familiale et Jude Stéfan le recensait dans Variété VII. Beck lui-même s'est expliqué dans Contre un Boileau (1999) et dans le Colloque de nuit (2000). On peut certes lire cet auteur sans avoir déjà lu, mais cela aide si l'on connaît quelques autres livres, et si l'on accepte de les partager: «Avoir de la culture,/ c'est sou