Thierry Jonquet, 47 ans, a achevé son nouveau roman comme tout le monde, le 11 septembre 2001. Ce jour-là, par souci du détail, il rejoint l'hôtel Holi-day Inn, place de la République à Paris. Il veut grignoter quel ques détails: l'héroïne de son histoire, Anabel Lorgnac, s'y réfugie à la fin du livre, chambre 222, pour échapper au tueur ukrainien Oleg. Anabel est une jeune infirmière maladive et solitaire. Elle a aimé un ami d'enfance devenu braqueur et elle sort de prison. A contrecoeur, elle s'est reconvertie dans le piercing et le tatouage sadique jusqu'à ce qu'elle tombe sur un vieux croque-mort, Monsieur Jacob. Il devient son employeur et son ange gardien. Mais quels sont les rapports entre l'étrange Monsieur Jacob et Ruderi, prisonnier insouciant et jouisseur retrouvant la liberté après quarante ans de centrale? Pourquoi Oleg, tueur déprimé, leucémique, rescapé de Tchernobyl, poursuit-il Ruderi, Monsieur Jacob et Anabel? On retrouve ici le sens du montage et le réalisme féroce qui ont fait, dans la Série Noire, la notoriété de l'écrivain. Mais le livre est cette fois publié au Seuil, dans une collection littéraire, «Fiction et Cie». Elle reflète l'éclectisme de son directeur, Denis Roche, grand amateur de photo et de polars. Il a su séduire Jonquet. Il avait déjà utilisé le sous-titre du livre, «roman noir», pour un roman de Jean-François Vilar.
Le 11 septembre, Jonquet s'installe donc comme un tueur au bar de l'Hollyday Inn et observe: rien à signaler. Sinon, sur la