Tout commence dans un hôtel au carrefour de l'Odéon, où «l'homme d'âge moyen qui aurait l'air plus vieux sans cette lueur dans les prunelles s'accordait un moment de répit au milieu d'un voyage chaotique», disposant méticuleusement sur la table six cahiers, un bloc de papier, un crayon, trois stylos, des cartouches de cigarettes. Ecrivain voyageur, érudit fervent amoureux du langage, le Turc Enis Batur, qui revendique sa proximité intellectuelle avec un Umberto Eco ou un Alberto Manguel, l'auteur d'Une histoire de la lecture et d'un Dictionnaire des lieux imaginaires, est un infatigable maître dans l'art de la digression. «Dans son dernier livre Enis Batur suit un chemin à donner le tournis au lecteur: à travers des textes de voyages, des essais, des nouvelles, il observe les rues de Paris, de Lisbonne et de Marseille, le château du marquis de Sade, les arbres de Barbizon, les falaises d'Etretat, René Char, Le Corbusier, lui même et l'autre qui est en lui-même, Sophie Calle et les clochards, le ciel, la terre, les routes et les sentiers avant de disparaître dans un coin»: Ce pastiche assumé d'une quatrième de couverture glissée au milieu d'une prose tourbillonnante, ne peut résumer un livre inclassable où l'on retrouve aussi Pessoa, l'actrice Anna Karina et les films de Godard, l'alpiniste britannique George Mallory mort sur l'Everest en 1924 sans que l'on sache s'il l'avait ou non conquis, et surtout Jean-Sébastien Bach...
L'art de la Fugue «composition musicale écrite dan