Quelle attitude faut-il avoir vis-à-vis des secrets? Doit-on conserver dans leurs placards les squelettes qui peuplent les histoires de toutes les familles? Si la psychanalyste Maria Torok (1925-1998) n'avait pas traversé la galaxie psychanalytique dans la seconde partie du XXe siècle, parions que ces questions ne seraient pas abordées comme elles le sont aujourd'hui dans la société. Le psychanalyste Serge Tisseron, pour prendre ce seul exemple, n'aurait pas décrypté de si belle manière les secrets de famille de Tintin, Haddock et les autres. Tisseron est, comme d'autres analystes contemporains (Claude Nachin, Monique Schneider, Didier Dumas pour ne citer qu'eux), un des continuateurs de l'école de Budapest, école de pensée profondément originale dans le paysage psychanalytique français. Fondée par Sandor Ferenczi (1873-1933) «grand vizir scientifique» et ami de Freud de 1910 à la mort de Ferenczi, prolongée par Imre Hermann (1889-1984, auteur de l'Instinct filial, traduit chez Denoël en 1972), cette école hongroise s'est illustrée en France par les travaux de Nicholas Abraham (1919-1975) et de Maria Torok (1925-1998). D'où l'intérêt de la parution d'Une vie avec la psychanalyse, livre posthume construit et présenté par Nicholas Rand (cousin de Nicholas Abraham que Maria Torok avait épousé tardivement, après la mort tragique du premier Nicholas...), qui fournit une sorte de «catalogue raisonné» de l'oeuvre de cette psychanalyste qui a apporté un renouveau théorique et clini
Critique
Sous le signe de Torok
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publié le 7 mars 2002 à 22h31
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