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Libération
Critique

Standing volvation.

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Est-il possible d'écrire son autobiographie lorsqu'on héberge un hérisson en boule sur sa table de travail? Eric Chevillard prouve que oui et non.
publié le 7 mars 2002 à 22h31

Bon, tout d'abord, une précision (et tout de suite une précision dans la précision: on concède volontiers aux titres le droit d'être plus court que les livres, mais tout de même): cet ouvrage ne traite pas Du hérisson, la couverture est trompeuse, mais exclusivement et quasi exhaustivement Du hérisson naïf et globuleux, et, malgré ses airs de traité zoologique, c'est un roman, avec la marge de liberté que l'auteur s'accorde dans ce genre d'exercice au mépris du devoir de tout intellectuel à transmettre des connaissances, et seulement des connaissances, mais il faut aussitôt ajouter à la décharge d'Eric Chevillard que ce hérisson-là, naïf et globuleux, est bel et bien l'une de ses connaissances, un peu collant même, ce que les naturalistes appellent l'effet Velcro du hérisson, voyez plutôt.

Un écrivain qui n'est pas nommé mais que tout désigne pour être Chevillard lui-même, outre des repères biographiques lisibles par les exégètes de son oeuvre (nous ne prétendons pas à cette expertise, nous en sommes seulement enivrés), il faut bien admettre que seul l'auteur de ce texte a pu être témoin de ce qu'il rapporte, un écrivain, donc, s'installe à sa table de travail pour y écrire son autobiographie complète quand la plupart élude l'épisode de la mort (nous apprendrons bientôt qu'elle aurait eu pour titre, si nul hérisson n'était venu l'encombrer, Vacuum extractor, du nom de l'appareil obstétrique, entre l'aspirateur et la ventouse hygiénique qui délivre par succion les marmots réti