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Libération

Coeur croisé.

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publié le 14 mars 2002 à 22h35

Comme son titre l'indique, la Quadrature du cercle est un livre très curieux (et ambitieux). Parfois, un lecteur mécontent dit «C'est un roman» ­ et c'est un reproche ­ face à un texte qui ne prétend aucunement ressortir de ce genre, un essai dont les raisonnements sont si invraisemblables qu'ils paraissent plus relever du genre de la fiction. Le fait que la Quadrature du cercle soit un roman provoque une surprise pour une cause presque inverse ­ parce que n'importe quel autre écrivain qu'Alvaro Pombo, par ailleurs poète et philosophe espagnol né à Santander en 1939, aurait plutôt fait deux romans de ce texte où la matière fictionnelle est à la fois riche et insaisissable. Il a d'ailleurs dû en écrire plus de deux avant d'en arriver à celui-ci, si on en juge par la dédicace du livre qu'a commentée Enrique Vila-Matas dans Bartleby et compagnie dont on parlait ici le mois dernier en évoquant tous les livres non écrits: «A Ernesto Calabuir, en souvenir des mille et quelques feuillets que nous avons minutieusement écrits, réécrits et jetés à la corbeille, et qui aujourd'hui, avec leur air malicieux de perpétuité satisfaite, en cette soirée de mi-juin soudain hivernale à Madrid, se reflètent dans les tasses de thé, près du feu de cheminée.» La Quadrature du cercle est une espèce de double roman historique qui se reflète dans une tasse de thé.

Il se déroule au XIIe siècle et ce n'est pourtant pas un roman historique car Alvaro Pombo décrit toujours les lieux, les êtres et les événe