Ce ne sont pas des vestiges celtiques que mettent à jour, en 1979, à Londres, les travaux de rénovation de la vieille synagogue désaffectée du 19, Princelet Street. C'est juste une mansarde qu'on découvre en haut d'un escalier branlant. L'occupant des lieux s'est volatilisé. Il s'appelait David Rodinsky. Certains diront plus tard qu'ils ont failli marcher sur un chat momifié. D'autres, qu'il restait des feuilles de thé au fond d'une tasse, et que le lit gardait l'empreinte d'un corps. Beaucoup diront n'importe quoi, et qu'ils ont été les premiers à entrer dans la chambre de Rodinsky.
De David Rodinsky, pour commencer, on ne sait rien sinon que plus de dix ans se sont écoulés entre sa disparition et le moment où on a ouvert sa pièce. Les papiers, les carnets et les livres que celle-ci contient donnent à penser qu'il s'agit d'un érudit. Au début des années 80, l'endroit devient mythique. Il est souvent visité, photographié, dérangé, pillé, mis en scène. Le Museum of London range dans des cartons les affaires de Rodinsky, le temps de la réfection du bâtiment, et les rapporte en 1989. Rachel Lichtenstein arrive à la synagogue à peu près à cette époque. La chambre ressemble alors à «une tombe abandonnée», elle semble avoir perdu son atmosphère. Mais elle reste ce fascinant «réservoir de temps figé» dont Iain Sinclair analyse la charge romanesque dans le Secret de la chambre de Rodinsky.
C'est un livre rêvé, vécu et écrit à deux. Pas ensemble, cependant, pas simultanément, ainsi que