A raison de quarante-quatre secondes la page, le titre d’Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil s’éclaire au bout de deux heures treize, soit vingt-sept minutes avant la fin du roman. Celui d’Après le tremblement de terre se comprend en retournant le livre: les personnages de ces six nouvelles ont tous un rapport avec le séisme de Kobe en 1995, nous dit-on. Par exemple, Katagiri, qui, en rentrant chez lui un soir, trouve «une énorme grenouille» qui l’attend, a de quoi être secoué: «Dressée sur ses deux pattes arrière, elle faisait bien deux mètres de haut. Et elle était plutôt corpulente aussi. (...) Appelez-moi Crapaudin, tout simplement, dit la bestiole d’une voix qui portait loin.»
Comparativement, le début d'Au sud de la frontière... paraît bien plat. Aucune folle ne harcèle par téléphone le narrateur au milieu de ses spaghettis (comme dans les Chroniques de l'oiseau à ressort, 1994), personne ne lui annonce par téléphone le décès d'un flirt de jeunesse (comme dans la Course au mouton sauvage, 1982), pour tout dire, il n'y a même pas de téléphone: «Je suis né le 4 janvier 1951. (...) Mon père était employé dans une société de courtage, ma mère était une ordinaire femme au foyer.» L'annonce du décès arrivera quand même, mais par la poste, à 52 minutes du début. Et la fin sera plus ou moins la même que dans la Course («le jour s'était complètement obscurci et, quand je me remis à marcher, j'entendis un faible bruit de vagues dans mon dos») ou dans les Chroniques («Je f