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Libération

Les dix ans d'Anatolia

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publié le 14 mars 2002 à 22h35

Document littéraire, le Secret de la chambre de Rodinsky représente bien ce que Samuel Brussel a mis à son catalogue depuis 1992, date à laquelle il a créé l'enseigne Anatolia (en compagnie de Valérie Barranger). Pour résumer, il est davantage attiré par les textes autobiographiques que par les fictions. Mais, comme le succès est imprévisible, c'est grâce aux cent mille exemplaires d'un roman qu'il peut proposer des titres qui lui ressemblent plus, tel, paru en janvier, Voyage et Destin, le récit resté inédit en français où Alfred Döblin relate son séjour à Paris et sa fuite à travers l'Europe pendant la guerre. Le roman en question est Eloge des femmes mûres, de Stephen Vizinczey, livre publié à compte d'auteur par un Hongrois vivant au Canada. On sent que Samuel Brussel aime les écrivains qui ne vont pas de soi, ainsi ce Russe exilé aux Etats-Unis, Serguei Dovlatov: il a les larmes aux yeux quand il en parle. Mais c'est sur un éclat de rire qu'Anatolia a commencé, avec les mémoires de Wodehouse, Hello Plum! Allaient suivre, plus sérieux, des textes de Karl Popper et de Raymond Lulle. Tina Modotti et Gertrude Stein côtoient Aidan Higgins et Josef Skvorecky. Saluons la révélation de M. F. K. Fisher, la gastronome, et du père Brown, photographe irlandais. Samuel Brussel est né en 1956 à Haïfa. Sa mère est sergent dans l'armée israélienne, son père meurt peu après sa naissance. Son grand-père maternel est «un rabbin très cultivé qui m'a appris à tout questionner». Il arrive en