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Libération
Interview

La Bible ne fait pas le moine

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Ouvrier maçon passé de l'ultra-gauche à l'exégèse, Erri De Luca regarde vers les origines pour forcer le futur à s'ouvrir. Entretien autour de «Montedidio», une fable réaliste.
publié le 21 mars 2002 à 22h40

La réputation d'Erri De Luca ­ en son pays et à l'étranger ­ comme l'un des noms importants de la littérature italienne contemporaine n'est pas à faire. On pouvait regretter, à la limite, que cet auteur exigeant n'ait pas rencontré le large public, mais c'est chose faite désormais avec Montedidio, paru chez Feltrinelli l'année dernière. C'est le récit d'une double métamorphose et d'un envol commun: un jeune garçon devient homme et un vieil homme devient ange. L'un s'entraîne à lancer un boomerang, l'autre attend que poussent les deux ailes qu'il tient repliées dans sa bosse disgracieuse. En même temps que Montedidio, et comme pour rendre la fête plus riche, sortent en français Alzaia, le recueil d'une centaine d'articles très littéraires, et OEuvre sur l'eau, un volume de poèmes (1). Né à Naples en 1950, ancien militant de l'ultra-gauche, ouvrier maçon pendant dix-huit années adoucies par l'étude de l'hébreu, les lectures et les traductions bibliques, écrivain à plein temps maintenant, retiré à la campagne dans un bourg non loin de Rome, De Luca est un homme à la douceur altière qui avance vers les commencements pour forcer le futur à s'ouvrir. A Paris, autrefois, il a travaillé dans les chantiers du métro, aujourd'hui, il y vient pour présenter ses livres et retrouver les amis.

Qu'est-ce que «Montedidio»?

Montedidio est la fable réaliste d'un petit garçon de 13 ans qui, dans la Naples de l'immédiat après-guerre de 1939-1945, commence à travailler dans un atelier de menuiserie