Une petite fille va mourir. Elle est malade. La vie de ses parents et de sa soeur s'organise autour d'elle. Cette soeur est la narratrice, sans doute est-ce de la même famille qu'il s'agit durant les trois premières nouvelles de Leçons de ténèbres qui forment la première partie du recueil (il comporte en tout quatre parties et onze nouvelles). Il y est beaucoup question de lumière et d'obscurité. Car la malade aime rire, aussi, il n'y a pas que par la tragédie qu'elle ouvre de nouveaux horizons à sa soeur. C'est le père qui annonce le drame à la narratrice, lui parle de ces êtres capables «de gestes lumineux» et à propos desquels on dit «destin» pour évoquer leur existence. «Il me dit que ma vie serait peut-être aussi un destin et il ajouta qu'on voyait déjà dans mes yeux une petite lueur et que je pourrais la faire scintiller toujours si je le voulais. Je compris alors que c'était elle qui m'avait donné cette petite lueur par sa souffrance et je demandai à notre père ce qu'il allait advenir de nous; il tourna les yeux vers la grande verrière et je vis ses yeux briller.»
Patrizia Runfola est morte à 48 ans en 1999. Leçons de ténèbres n'est pas paru de son vivant. Elle était une figure du monde littéraire italien (elle a travaillé comme critique et dans l'édition) mais peu connue au-delà. Dans un article du Corriere della Sera repris en préface de l'édition française, Claudio Magris écrit: «L'irrationalité et le hasard gouvernent cruellement la vie, en distribuant santé et mal