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La trattoria des traducteurs

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Comment se tenir sur la crête entre deux langues réputées «jumelles»? Faut-il être infidèle pour être fidèle? Le point de vue des passeurs, en français dans le texte.
publié le 21 mars 2002 à 22h40

«Traduttore traditore». L'expression est italienne et elle a déjà cinq siècles. Ce qui montre que, de l'autre côté des Alpes, on se pose la question du passage d'une langue à l'autre depuis déjà un moment. Depuis le début 2002 sont sortis en France quelque 72 livres traduits de l'italien (plus 17 rééditions). Derrière cette production éditoriale, presque autant de traducteurs qui ont permis à ces livres écrits en Italie et en italien de passer les Alpes pour parvenir aux lecteurs français. Parce qu'un traducteur est avant tout un passeur: passeur de textes, mais aussi de langues et de mondes. Ce passage est souvent une sorte de mission impossible: ça ne passe jamais parfaitement, on est toujours à la limite de l'intraduisible, de la perte, de l'incompréhension, ou de l'infidélité. La position pourrait être très inconfortable, mais les traducteurs semblent trouver leur équilibre à se «tenir sur la crête» entre les deux langues, comme le dit l'un d'entre eux.

«Un traducteur est d'abord un lecteur», affirme Myriem Bouzaher. C'est même souvent un lecteur boulimique de la production éditoriale italienne, ce qui en fait un découvreur d'auteurs et de textes. Parmi les traducteurs, certains, comme Nathalie Bauer, prennent cette fonction très à coeur. «Ça fait partie du rôle du traducteur de défricher, de lire des textes et de les proposer aux éditeurs. Quand on est têtu, on finit par y arriver, assure-t-elle. Sur 150 livres que je lis chaque année, il y en a quinze qui me plaisent v