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Libération
Critique

Miracolo! Miracolo!

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Les aventures ébouriffantes et ludiques de «Baudolino», faux fils d'empereur et vrai menteur.
publié le 21 mars 2002 à 22h40

Il y a bien longtemps qu'Umberto Eco pensait à Baudolino. Ce qui ne peut étonner: d'Alexandrie (Piémont), Eco est l'enfant le plus célèbre, aujourd'hui, et d'Alexandrie, Baudolino est le saint patron. Un drôle de zigue au demeurant, ce Baudolino. Eco, à la fin de Comment voyager avec un saumon (1992), le présentait en quelques lignes sous les habits d'un prophète, «homme d'une admirable sainteté (...) qui accomplissait maints miracles» dont celui, extraordinaire entre tous, de ne pas en faire, des miracles, quand c'était vraiment nécessaire. Dans Baudolino, qui vient de paraître, vingt ans après le Nom de la rose, il offre à son patron, ventredieu, une saga, une chanson de geste, une épopée, un cycle picaresque, la guerre de Cent Ans, des annales historiques, mythiques, paillardes & pataphysiques, un roman-photo, un manga, une histoire à dormir debout! Il a 14 ans au début du livre, Baudolino, et, petit paysan de Marengo, ne sait même pas écrire. Il n'y a qu'à voir: «moi Baudolino de Galiaudo des Aulari avec une teste ki semble d'un lion alleluja Graces soyent rendues al Seignor ki me pardone je ai faict habeo facto la desroberie la plus grande de ma vie...» Mais il a des dons, le garçon: un, il apprend vite à écrire comme vous et moi (dès la page 21), deux, il entend n'importe quel dialecte et aussitôt l'apprend («dès ma petite enfance a peine j'oyois un ki disait cinq quinkus V paroles sitost ji refaisois son parlé»), trois, il dit une fadaise et tout le monde la croit vra