Née en 1969 dans les Marches, Silvia Ballestra est allée étudier à Bologne, comme les héros de ses récits. Connue depuis 1991 comme la (jeune) continuatrice d'un Tondelli, elle a été assimilée au mouvement dit «Cannibale» qui a défrayé la chronique en 1997, mais elle s'en distingue pourtant nettement. D'abord, parce qu'elle pratique un sens de l'humour (la capacité à se moquer de soi) assez rare chez les jeunes qui rayent le parquet. Par exemple, pour vouloir faire la révolution, elle n'en oublie pas que les révolutions sont avant tout affaire de bourgeois éduqués et qu'il ne sert à rien de se déguiser en pauvresse (syndrome Marie-Antoinette) ou de prétendre que P.I.L. et Einstürzende Neubauten sont des prolétaires pour être subversif. Racontant donc son cours préparatoire en 1974, la signorina Ballestra ne cache pas comment, élevée à l'étage des maîtresses pas fun (oui, il y avait deux étages, et en dessous, c'étaient des instits babas, si bien que «la chose la plus terrible qui pût arriver» à ces élèves du rez-de-chaussée «était qu'une des enseignantes allât quinze jours à Londres, à un concert de Donovan, à Carnaby Street»), elle ne cache pas comment, pleine de préjugés de classe (primaire), elle méprisait tous les «abrutis» qui «n'arrivaient pas à articuler: le criyon; deux jours pour dire le mot "bol?"; pour lire incorrectement la phrase "bol de soupe chaude", ils avaient tous des syncopes, s'évanouissaient, postillonnaient, étaient pris de crises hystériques (...) "On
Critique
Une cannibale végétarienne
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par Eric Loret
publié le 21 mars 2002 à 22h40
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