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Libération
Interview

Bêtes de scène

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Onze récits mettant aux prises humains et animaux. Entretien avec Sandrine Willems, philosophe et comédienne.
publié le 28 mars 2002 à 22h44

Les Petits dieux, ce sont onze récits qui parlent d'histoires d'hommes et de bêtes. Après celle de Chardin et d'un lièvre, de Tchang et du Yéti, du célèbre analysé de Freud et des loups, deux nouveaux titres paraissent aujourd'hui : Carmen et le Taureau, où le modèle de Bizet lui révèle sa vraie vie, et Artémis et le Cerf, dialogue amoureux avec Actéon. Philosophe, comédienne et scénariste de cinéma, Sandrine Willems, née en 1968, auteur d'un premier roman : Una voce poco fa chez Autrement (2000), raconte des destins croisés, en marge de la littérature, du cinéma, du théâtre ou des mythologies. A la manière d'un écrivain du XVIIIe siècle, elle y concilie raison et sentiments, paradoxes du comédien et de l'écrivain.

Comment est née l'idée des «Petits Dieux» ?

Du désir, qui m'habitait depuis longtemps, de rendre hommage aux animaux à qui me lie une profonde empathie. C'est en lisant le Silence des bêtes d'Elisabeth de Fontenay que j'ai pris conscience du rapport existant entre ma formation philosophique et cet amour. Le déclencheur des Petits Dieux a été une visite du zoo de Vienne, telle que je la transpose dans l'Homme et les Loups. Le zoo était enneigé, les animaux des pays chauds avaient l'air frigorifié, et moi je me sentais aussi exilée qu'eux. Soudain un singe m'a regardée, et nous nous sommes longuement dévisagés. J'avais l'impression qu'il se demandait pourquoi c'était lui, plutôt que moi, qui se trouvait de l'autre côté des barreaux. Comme je le savais encore moins, de