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Libération
Interview

L'épreuve des fouets

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Entretien avec Patrick Vandermeersch, issu d'une famille de révolutionnaires et d'hommes d'Eglise, théologien et psychanalyste, apôtre d'un catholicisme libre, éclairé et jouisseur.
publié le 28 mars 2002 à 22h44

Il aurait été proprement miraculeux que Patrick Vandermeersch ­ né à Bruges en 1946, théologien, psychanalyste, professeur de psychologie de la religion ­ et la flagellation se ratent. Mais il a fallu qu'il change de milieu, passant de la faculté de théologie de Louvain à celle de Groningue, de sa catholique Belgique aux protestants Pays-Bas. Il a fallu aussi qu'il découvre un petit village espagnol, San Vicente de Sonsierra, où l'on pratique encore un rituel de flagellation, le jeudi de la Passion, chaque année depuis des siècles. La Passion était déjà le sujet d'un de ses livres, il y a une dizaine d'années.

Pourquoi la flagellation ?

Je ne m'intéressais pas du tout à un phénomène aussi bizarre que la flagellation, jusqu'au jour où j'ai fait avec un groupe d'étudiants un voyage d'études en France et en Espagne. Le titre était vague : explorer le bon usage de la souffrance en milieu laïc et religieux. C'était la semaine de Pâques 1994. On est allé à Lisieux, à Oradour-sur-Glane, à Lourdes, puis on est passé en Espagne pour voir quelques services de la semaine sainte. Un collègue m'a signalé un village où il y avait des types qui se flagellaient en public. Ça a été un choc, ce catholicisme d'un autre âge. Et pourtant ce sont des gens normaux, qui aiment la vie, sachant très bien que ce qu'ils font est très bizarre. Et ils m'ont demandé de les aider à comprendre un peu plus leur histoire séculaire. Mon livre est l'aboutissement de ce travail.

Aviez-vous d'autres raisons ?

J'ai eu