Le titre est tout à fait précis, la Chair de la Passion. Une histoire de foi : la flagellation. Mais Patrick Vandermeersch prend un malin plaisir à faire et à ne pas faire ce qu'il annonce. Le livre est un livre d'histoire mais pas d'historien ; la psychanalyse y est convoquée à grand frais, mais son apport à l'explication historique est d'emblée soumise à caution ; finalement, c'est la théologie qui, laissée sur le fond et comme si elle n'était ici que la servante de l'histoire et de la psychanalyse, oriente l'explication de la flagellation et donne le sens de l'entreprise tout entière. Qu'on ne cherche pas non plus une approche anthropologique comparative qui aurait pu autoriser la pratique de la flagellation rituelle (concernant entre trois et cinq personnes, le jeudi de Pâques) à San Vicente en Espagne. Une oeuvre ouverte, le contraire du dogme, axée sur le vécu : celui de l'auteur et celui du lecteur, de manière que soit préservé quelque chose du dispositif analytique et de la résolution dans la cure des fantasmes qu'il charrie.
Si l'histoire de la flagellation ne couvre que le deuxième millénaire, cela ne veut pas dire que sexophobie et culpabilité dans le christianisme aient attendu mille ans pour se manifester, mais que c'est à ce moment-là que la souffrance commence à occuper une part grandissante dans la pratique de la foi. Est-ce la peur, est-ce la peste ? Plus probablement c'est la constatation que la fin du monde tant attendue n'est pas pour demain, ce qui dramat