En mai 1968, sous le pavé de Mythe et épopée, Madeleine Biardeau trouve la vaste plage du Mahabharata, texte auquel Georges Dumézil consacre de nombreuses pages. «Je dévorai ce premier exposé pour ce qu'il m'apportait de neuf sur l'épopée indienne», se souvient Madeleine Biardeau, à l'époque déjà experte patentée en la matière. Elle en fait son pain quotidien : «Dès la rentrée 1968 et pendant tout le temps qui me restait à enseigner, je consacrai mes cours à l'unique Mahabharata.»
Le justement célèbre spectacle de Peter Brook a contribué à familiariser un vaste public ne parlant pas le sanscrit couramment et n'étant pas un habitué d'Air India, avec l'univers fantastique et les personnages hors du commun de cette épopée fleuve dont tous les natifs d'Inde (et au-delà) connaissent des épisodes par coeur depuis l'enfance. Une histoire furieuse ; pleine de guerre et d'exil, de lutte pour le pouvoir, bref une histoire increvable d'autant qu'elle revêt les atours sempiternels d'une querelle familiale opposant des cousins, les Pandava et les Kaurava, avec du beau monde en guest stars : dieux et démons, et Krishna lui-même. Mais ce n'est pas seulement une histoire. C'est un manuel de vie, le livre du «secret des origines» de l'hindouisme et bien d'autres choses encore, nous explique Madeleine Biardeau qui a partagé sa vie entre l'Inde et la France, ne quittant jamais ce livre fondateur (qui, au passage, dans une sorte de bande-annonce, nous annonce le Ramayana, autre grande épopée par