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Libération

Mort d'un capitaine

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Retour sur la vie de Pierre Marchand, brutalement disparu il y a une semaine, qui marqua de son empreinte l'histoire récente de l'édition jeunesse.
publié le 11 avril 2002 à 23h00

Pierre Marchand a mis les voiles, jeudi 4 avril, pour sa dernière traversée (voir Libération du 5 avril). Il avait la passion de l'édition et de la mer. Un cancer foudroyant l'a emporté, à 62 ans, mettant un terme brutal à cette force d'initiative et à ce goût d'entreprendre qui l'incitaient à repousser inlassablement l'horizon de ses défis. Ce capitaine tempétueux n'avait pas hésité, il y a trois ans, à entamer un nouveau parcours, en prenant chez Hachette la responsabilité de la branche Hachette illustrated. C'est sous le pavillon de Gallimard, cependant, qu'il a marqué l'histoire récente de l'édition Jeunesse, attachant sa griffe à la création, entre autres, de la collection «Découvertes» : une formidable réussite éditoriale (traduite dans 19 langues), où s'incarnait, en format de poche, et à l'intention du plus grand nombre, tout un idéal de qualité pédagogique et d'élégance iconographique.

Ce Breton était un autodidacte. Enfant du pays Chouan, né en 1939, il avait fait ses apprentissage à la dure, dès 14 ans, sur les chalutiers, puis comme mousse et bosco aux chantiers navals de Nantes. Sur le chemin de la mer, une librairie, vendant des livres de poche qu'il s'enfermait pour lire et dont les couvertures lui insufflèrent son goût de l'image.

Ces inclinations le guident vers Paris, où il est d'abord, en 1957, apprenti typographe, occupé à «défaire les casses» à l'imprimerie Blanchard. Un crayon en poche, il dessine, aussi : des crobards humoristiques très noirs, qu'il vend