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Libération

Par delà le bien et l'e-mail

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publié le 11 avril 2002 à 23h00

Ryû Murakami écrit de la science-fiction contemporaine. C'est-à-dire que ce qu'il imagine a si peu d'avance sur la réalité que les deux se rejoignent rapidement. Dans les Bébés de la consigne automatique, paru au Japon en 1980 (et traduit, chez Picquier comme ses autres titres, en 1996), un personnage répand sur Tokyo du datura, «un hyperstimulant agissant sur le système nerveux», quelques années avant que la secte Aoum ne déverse le gaz sarin dans le métro de la ville. Dans Lignes, traduit en 2000, c'est l'organisation de l'être humain en une sorte de réseaux sauvages et techniques qui étaient décrite. Né en 1952, Ryû Murakami est devenu célèbre au Japon dès 1976 avec la parution de Bleu presque transparent. Furent vendus en six mois un million d'exemplaires de ces aventures, pleines de violence, de sexe et de drogue, d'une bande d'adolescents. Parasites raconte aujourd'hui l'histoire d'un «reclus» que seul l'Internet rattache au monde. «Les alignements d'êtres humains ou de poupées produisent toujours un effet singulier», écrit le héros Uehara dans un mail. Serions-nous tous des «parasites» sur cette planète, dans cette société, à la fois n'y ayant pas notre place et y brouillant le message ?

Uehara est à la recherche d'un «flux». Quand il trouve un sens, il s'agit plus d'une direction que d'une idée. Au début, il fait du surplace. Il ne sort pas de chez lui. Sur le site Web d'une animatrice de télévision, on lui fournit des réponses à ses questions. On lui apprend l'existe