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Critique

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Métamorphose d'un faux ado en vrai père : Despentes revient.
publié le 18 avril 2002 à 23h04

Difficile de vieillir, surtout pour ceux dont l'emploi est de rester jeune. Difficile de toujours (se) révolter, surtout pour ceux dont le blason demeure : sperme, sang et punk rock. On jouait Rimbaud Racaille sans le savoir et on finit par faire Rimbaud, montant son bad boys band : on devient professionnel de l'éternelle et mordante jeunesse, chaussé d'une paire de scandales médiatiquement ailés. Virginie Despentes en est là : il lui faut survivre, comme auteur, à l'énergie qu'elle a moins, mais qu'on lui réclame.

L'auteure de Baise-moi, livre et film, aura bientôt 33 ans. Elle publie chez Grasset, éditeur très parisien. Elle a reçu le prix de Flore. Si l'on en croit la presse-paillettes, elle va dans les soirées mondaines. Elle parle dans les magazines, comme un notable de la révolte, avec d'autres notables de la révolte. Le halo de Saint-Germain-des-Prés noie sa couronne de princesse trash et digère la charge que son premier livre amorçait. Comment dynamiter encore ? Comment ne pas devenir, plutôt qu'un écrivain, un personnage de plus ?

Son quatrième roman a au moins l'intérêt de poser le problème de son vieillissement, au fond et sur la forme. Teen Spirit (qui signifie l'esprit adolescent et rappelle le tube de Nirvana, Smells like teen spirit, où Kurt Cobain chantait l'apathie dépressive et l'enfer artificiel d'une génération) est raconté à la première personne par Bruno, un bon à rien de 30 ans qui vieillit mal en fût. Il n'est pas sorti de chez lui depuis deux ans. Il v