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Libération
Portrait

Amos Oz, la charrue avant l'hébreu

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Il préférait l'agriculture à l'écriture. A 14 ans, Amos Oz conduisait un tracteur dans son kibboutz. Il a été rattrapé par sa langue, l'hébreu, qu'il met au service de la littérature et de la paix. Rencontre à Arad, dans le désert du Néguev.
publié le 18 avril 2002 à 23h04

Ecrivain public. Ecrivain secret. Amos Oz vit retiré aux confins d'Israël, à Arad, en plein désert du Néguev, à quelques encablures de la forteresse de Massada et de la mer Morte. Connu dans le monde, il donne de la plume en faveur de la paix avec les Palestiniens, passant de la tribune à l'intimité de son bureau foetal. A Tel-Aviv, le week-end, pour y retrouver ses petits-enfants ; à Arad, la semaine, pour écrire. «Le narrateur fictif referme le capuchon de son stylo et repousse son bloc. Il est fatigué. Il a mal au dos. D'où sort-il cette histoire de Bulgares à Bat-Yam, rédigée en plus en vers libres, voire en rimes quelquefois. Maintenant que ses enfants sont grands et qu'il connaît la joie d'être grand-père, qu'il a commis plusieurs livres, voyagé, donné des conférences et posé pour des magazines, pourquoi revenir subitement à la poésie ?», écrit-il page 48 dans son roman Oto Hayam, traduit en français sous le titre Seule la mer. Le «narrateur fictif», c'est un Amos Oz bien réel ; «l'histoire de Bulgares à Bat-Yam» est l'une des trames de ce roman polyphonique dans lequel il mêle sa voix à celles de ses personnages, vifs ou morts.

«Dans Seule la mer, je suis certes l'un des participants. Il y a même une lectrice qui me téléphone en pleine nuit pour me donner son opinion sur ce que je suis en train d'écrire. Le fils prodigue, Rico, à Katmandou, met dans son lit une prostituée portugaise ; son père, à Bat-Yam, sait ce qu'il fait, au m