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Libération
Critique

Complexité biblique

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De Bat-Yam à Katmandou, une «orgie mystique» où les personnages, vivants ou pas, joignent leurs vies et leurs voix dans une même aventure.
publié le 18 avril 2002 à 23h04

Si l'on veut comprendre d'un coup d'oeil ce roman, il faut aller aussitôt page 78 («Résumé»), où l'auteur s'avoue «tiraillé entre le mystère et la farce». Voilà une bonne définition de ce roman peu commun, écrit en pages courtes, parfois de quelques lignes, sous forme poétique. Mais on n'en sera pas plus avancé.

Car Seule la mer (titre original en hébreu : Oto Hayam) fait figure de rupture dans l'oeuvre abondante d'Amos Oz (quinze ouvrages traduits en français). Cette «histoire de Bulgares à Bat-Yam» rassemble Albert Danon, conseiller fiscal méthodique, immigré de Sarajevo ; sa femmeÊNadia, venue de Bulgarie, récemment morte d'un cancer, mais présente au détour de chaque page et qui intervient en chaque instant de la vie des autres ; Enrico David, dit Rico, leur fils prodigue, parti vers Katmandou chercher quoi ? Le «sein maternel» ? Ou fuir «la fermeté de [s]on père. Ses épaules tombantes» et vers lesquelles il retournera peut-être ? Il y a aussi Dita, l'amie de Rico, laissée au pays, dont le corps «cherche Rico et ne le trouve pas» et s'abandonne, en de furtives occasions, à d'autres amants, minables ou vantards. Il y a encore Bettine, collègue d'Albert, qui unirait bien sa solitude de veuve à celle de ce dernier. Et quelques comparses. Et les parents d'Amos Oz. Et Amos Oz lui-même. Et même maîtresse Zelda, son institutrice lorsqu'il était enfant à Jérusalem, la poétesse morte penchée sur son épaule qui lui suggère : «Si, de temps en temps, tu t'arrêtais de parler, les chos