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Libération
Critique

Chapelle sixties

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Selon Denis Pelletier, on aurait tort de croire que la crise des années 60 a signé un déclin de la foi catholique.
publié le 25 avril 2002 à 23h10

Depuis des décennies, les prophètes annonçant la fin de l'Eglise ­ voire la mort de Dieu ­ n'ont pas manqué. De fait, les crises jalonnant l'histoire du catholicisme semblent conforter le pessimisme dont se nourrissent les hérauts du déclin. Le concile Vatican II devait ainsi réconcilier les croyants et le siècle ; il n'aboutit qu'à éloigner les fidèles des autels et à décourager les vocations. Et pourtant... Le renouveau provoqué par le pontificat de Jean Paul II comme le succès des Journées mondiales de la jeunesse montrent que la foi animant une part significative de la population française reste vive. Ce constat amène dès lors à considérer les années qui séparent la conclusion du concile (1965) de la mort de Paul VI (1978) sous un jour moins funèbre. Souvent présentée comme le chant du cygne du catholicisme, cette décennie signerait au contraire une renaissance, une adaptation de la croyance aux temps nouveaux. Telle est la thèse que défend Denis Pelletier.

Que l'Eglise soit, au coeur des années 60, inadaptée au siècle relève de l'évidence. Ses structures d'encadrement pèchent par leur obsolescence. L'apostolat visait par exemple des groupes sociaux ­ jeunes ouvriers, jeunes agriculteurs ­, segmentation désormais inappropriée à l'heure où la jeunesse dans son ensemble devient une catégorie autonome qui se vit comme telle. Condamnés au célibat et bénéficiant d'une rémunération faible et incertaine, les prêtres, par ailleurs, se sentent en porte-à-faux dans une société où l