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Critique

Debout les mous

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«Battus d'avance», les personnages de Georges Hyvernaud (1902-1983 ) s'adonnent au «culte de l'impersonnalité».
publié le 25 avril 2002 à 23h10

«Clampin. Ça ne vous dit rien ?» Non ça ne dit rien. Chabrelu, pas plus. Ce sont des héros d'Hyvernaud. Héros, on y va fort. Plutôt des presque zéros. Des hommes de pas grand-chose, de peu de mots, des rétifs à la grandeur, aux avant-scènes, des «mous». Hyvernaud met du mou partout. Dans les sentiments, les destins, les corpulences. Le mou l'attire. Hyvernaud, ça ne vous dit rien ? La Peau et les os, le Wagon à vaches, non ? Des chefs-d'oeuvre. Passés à la trappe, du vivant de l'auteur. La postérité leur a offert les béquilles d'un succès d'estime. Mais à côté des auteurs cultes que sont devenus ses frères de lait amer Henri Calet ou Emmanuel Bove, Georges Hyvernaud reste en retrait.

Après l'échec du second de ces livres, Hyvernaud n'a plus rien publié. Andrée Hyvernaud, son épouse, a mis de l'ordre dans ses oeuvres restées en plan, des publications éparses, des carnets, des lettres. Ainsi avons-nous pu lire Carnets d'oflag et Feuilles volantes. Voici que paraissent quasi conjointement les Lettres de Poméranie 1940-1945 (adressées à sa femme lorsqu'il était prisonnier), qui viennent compléter Carnets d'oflag, et Lettre anonyme, qui enrichit l'oeuvre d'une sorte de roman en morceaux. C'est dans un dossier titré Chabrelu qu'Andrée Hyvernaud a retrouvé différentes notes ou ébauches tournant autour de l'anonymat, dans l'attente d'être intégrées à un roman. L'auteur travaillait ainsi, par fragments. En annexe sont adjoints quelques textes délicieux comme cette déambulation dans le