Arno J. Mayer n'est peut-être pas un rat d'archives mais il est sûrement un prodigieux dévoreur de livres, en l'occurrence d'histoire, car il affectionne ces grandes synthèses qui, s'appuyant sur le corpus documentaire établi, arrivent pourtant à dégager de nouvelles perspectives historiques. En cela, il est un historien tout en continuités et en ruptures avec le passé mais aussi avec ses propres collègues et autres gens du métier. Selon lui, en effet, on n'est jamais quitte d'une interprétation, l'événement recelant au gré des interrogations et des comparaisons une potentiel inépuisable de réponses. Ainsi la parution en 1990 de la "Solution finale" dans l'histoire (1) avait été accompagnée de violentes polémiques parce qu'il mettait notamment en doute le caractère programmé dès l'avènement du nazisme du massacre des juifs et avançait, à côté de l'idéologie, le poids des circonstances pour expliquer la décision. Cette même méthode, consistant à relier les événements à un faisceau de causes et finalement au contexte historique, sous-tend également les Furies. Violence, vengeance, terreur aux temps de la Révolution française et de la révolution russe. Les polémiques cette fois risquent d'être moindres. Non que le sujet ne s'y prête, bien au contraire, à commencer par la comparaison même entre les deux révolutions, ou le rôle de la violence dans l'histoire mais par épuisement des duellistes, le bruit des passes d'armes entendu lors de la célébration du bicentenaire de l
Interview
Il était deux fois la révolution
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publié le 25 avril 2002 à 23h10
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