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Libération
Critique

Laissez parler les petits papiers

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Argent, alcool, détective, faune malsaine et plasticien douteux : amoureux du vieux papier, l'Allemand Georg Klein utilise à sa manière tous les ingrédients du polar.
publié le 25 avril 2002 à 23h10

Barbar Rosa est un roman policier, comme Libidissi, traduit il y a deux ans, était un roman d'espionnage : le drame et les protagonistes sont en place, mais le décor et l'action sont pervertis. L'ambiance est tellement malsaine, tellement cocasse, qu'il est recommandé au lecteur de lâcher le fil, s'il ne veut pas s'y pendre.

La nouvelle mission du petit Mühler, 30 ans, consiste à retrouver en quarante-huit heures une fourgonnette disparue avec deux personnes à son bord ainsi qu'une cargaison d'argent liquide. Le commanditaire en est le puissant Hannsi, dont la qualité d'ancien camarade de classe ne réchauffe absolument pas sa relation avec Mühler. Parmi les éléments biographiques, notons que notre héros a été enfant, qu'un accident de fête foraine l'a mené à l'hôpital, et que sa «réhabilitation mentale» a développé chez lui une intolérance à la télévision, entre autres allergies. Quand il travaille, ce qui réactive sa libido, Mühler endosse un curieux costume vert : «Le costume du chasseur», explique l'auteur, Georg Klein, né en 1953, de passage à Paris lors du Salon du livre.

Lent, louvoyant, certainement courageux, louche à ses heures, Mühler a du mal à faire jaillir l'étincelle de ces silex que sont les indices. Cela ne l'empêche pas d'arriver à ses fins, car il a de la chance, outre cette capacité à recycler ses défauts qui est la marque du vrai détective, voire du vrai écrivain : «A chaque nouvelle mission, je tente par une démarche de plus en plus timide et hésitante d'a