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Libération
Critique

Chemins de faire

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Un homme, une femme, un train, un sac trop lourd et plus si affinités: Christian Oster tergiverse sans impatienter.
publié le 9 mai 2002 à 23h25

Lire le dos du livre : «Un jour, sur un quai, un homme de taille moyenne tenait à la main un sac très lourd. Cet homme c'était moi, mais ce n'était pas mon sac. C'était celui d'une femme.» (On peut vérifier que ces trois phrases sont également les trois premières du livre). Suite de la couverture : «Je ne la connaissais pas, je suis monté avec elle dans le train.» Dans le livre, c'est un peu plus long, forcément, c'est seulement page 16 qu'il monte dans le train, il lui a fallu expliquer ce qu'il y avait dans le sac (qu'on n'ouvrira pas) pour qu'il soit si lourd (des livres), la convaincre de l'aider à le porter, le sac, et plus si affinités. C'est une façon de lire Christian Oster, la lenteur, les atermoiements, la résignation, l'abnégation, la modestie de l'intrigue et des personnages, et ces fameuses affinités qui mettent un temps fou à se décider. L'autre façon... tenez, relisons la première phrase : «Un jour, sur un quai, un homme de taille moyenne tenait à la main un sac très lourd», ne dites pas non, vous entendez comme moi le couplet inédit d'un air connu : «Maître Corbeau sur un arbre perché tenait en son bec un fromage, (...) Un jour, sur un quai, un homme de taille moyenne tenait à la main un sac très lourd». Ça ne prouve rien, non, sinon que les livres de Christian Oster sont des fables. Et qu'on ne peut pas plus lui reprocher d'écrire toujours le même livre, comme à La Fontaine d'écrire toujours la même fable, ou à Hergé le même Tintin.

Sans compter que le person