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Libération
Portrait

George Pelecanos, avis de D.C.

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Rencontre avec le Grec -Blanc du roman noir de Washington.
publié le 9 mai 2002 à 23h24

Trois fois, George Peter Pelecanos dira : «Je ne voudrais surtout pas changer de vie.» L'homme a de l'allure, 45 ans bien charpentés dans un costume cravate sombre, bouc smart et sourire rare ; le regard est droit, sur la réserve mais plutôt bienveillant, les réponses franches et précises. Vus son oeuvre largement autobiographique et sa veine revendicative, il paraît étonnamment apaisé. Changer d'activité sinon de vie a longtemps été l'ordinaire de George Pelecanos. Né à Washington d'un couple d'origine grecque (son père vient de Sparte, comme la famille de sa mère), il a grandi dans les quartiers ouvriers et à majorité noire de la capitale américaine, enfance et adolescence dont le souvenir domine sa production initiale, notamment autour de la figure du barman-détective privé Nick Stefanos. Son père, un ancien Marine, tenait un snack au centre-ville ; lui a collectionné les petits boulots, d'abord pour l'argent de poche ensuite comme gagne-pain parallèle à des études en dents de scie, jusqu'à un DEUG en cinéma : il a été barman, serveur, cuistot, ouvrier dans le bâtiment, vendeur (notamment de chaussures et d'électroménager). Quand il s'est lancé dans l'écriture, à 31 ans, il était producteur au sein de la structure indépendante Circle Films qui a notamment produit les frères Coen (Barton Fink, Miller's Crossing...); il a abandonné ce job récemment, «pour éviter la dispersion», mais avec la musique, le cinéma était au départ son «vrai truc». Ces passions remontent à l'adole