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Libération
Interview

La traversée de Hwang Sok-Yong

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La littérature engagée et réaliste vue de Séoul : entretien avec un agitateur devenu un classique, traduit pour la première fois en France.
publié le 9 mai 2002 à 23h25

De tous les écrivains coréens traduits ces dernières années, Hwang Sok-Yong est le plus engagé, le plus actif aussi. «Profitons de la Coupe du monde de football pour parler réunification et littérature», dit-il volontiers. Il se rendra en Corée du Nord en compagnie de Günther Grass le 28 mai. Il est de ceux qui ont milité conjointement pour la démocratie et le rapprochement des deux Corées, pensant que l’un n’allait pas sans l’autre. Il s’emploie à créer une revue panasiatique. Il a lancé une chaîne de télévision par satellite. Il a toujours fait en sorte de ne pas laisser aux politiques l’exclusivité de l’ouverture.

En 1989, époque de perestroïka, quand le gouvernement de Roh Tae-woo (régime très dur) prévoit des échanges économiques avec les pays communistes, Hwang Sok-Yong et quelques autres se rendent dans le Nord sans autorisation : émoi considérable au Sud. Accueilli deux ans en Allemagne, puis aux Etats-Unis, il n'a pas choisi l'exil définitif lorsque son passeport est arrivé à expiration. Il est rentré en Corée en 1993, où l'attendait un régime assoupli, et la prison malgré tout, cinq ans durant, jusqu'à ce que Kim Dae-jung arrive au pouvoir.

Hwang Sok-Yong est né en 1943. Entre 1945, date à laquelle prend fin l'occupation japonaise, et 1948, quand le pays se scinde, il vit en Corée du Nord. Puis la famille se réfugie au Sud. La guerre de Corée commence en 1950, il a 7 ans. Son premier roman, son premier succès, Monsieur Han (1970), raconte le destin atroce d'un médeci