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Libération
Critique

Certains l'aiment froide

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Quand la paranoïa politique s'immisce dans l'intimité : Faulks et l'Amérique des années 50.
publié le 16 mai 2002 à 23h29

«On Green Dolphin Street» est un standard que Miles Davis a enregistré en 1958. C'est aussi le titre anglais des Désenchantés, roman de Sebastian Faulks qui raconte l'Amérique de la fin des années 50 où ce morceau (1) a été joué par les plus grands jazzmen. L'alcool, la fumée, la chaleur des petits clubs de jazz, mais aussi un pays en pleine guerre froide, où les successeurs du maccarthysme semblent s'insinuer dans la vie de chacun. Ils s'insinuent en tout cas dans la société washingtonienne de la diplomatie et de la presse où évoluent Charlie, un diplomate britannique, Mary, sa femme, et Franck, journaliste dans un grand quotidien américain.

Charlie, Mary et Franck sont à ce moment de la vie où ils ont fait des mariages d'amour et des enfants et sont engagés dans de brillantes carrières. Ils vivent une vie aisée, protégée, faite de réceptions, de voyages et de week-ends de bateau. Mais qu'arrive-t-il aux hommes quand la jeunesse et la guerre en ont fini avec eux ? Charlie et Franck ont tué des hommes sur le champ de bataille en Europe. Dix ans après, Franck se pense toujours en assassin et voit en chaque homme de son âge un autre assassin potentiel. Charlie boit comme un trou. Il avait «une vie et elle m'intéressait. Mais je l'ai perdue et je ne sais pas quand». Mary pleure la mort de sa mère et prend conscience que ses enfants, envoyés en pension, se sont détachés d'elle. «Un instant, Mary eut en tête une image de ce qu'elle serait (sa fille) quand elle atteindrait l'âge ad