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Libération

Langues de feu

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par Maryline DESBIOLLES
publié le 25 mai 2002 à 23h35

Samedi

Emmêlement

Ecrire donne-t-il un regard sur le monde, une compréhension du monde ? Est-ce qu'écrire n'est pas rentrer plus loin, de plus en plus loin dans l'opacité du monde, ne pas en avoir peur, ne pas démêler mais plutôt connaître intimement l'emmêlement, faire corps ? Autrement dit, les livres peuvent-ils nous aider ? Ce matin en me levant, avant toute chose, j'ai pioché très vite, «au hasard», un livre dans la bibliothèque la plus proche de la chambre, où sont rangés les ouvrages de P à Z, Valéry, Paul, Monsieur Teste, j'ai ouvert, j'ai lu au milieu de la page : «Réfléchir à ce que dit le journal du jour, c'est-à-dire se raconter tout ce qu'il ne dit pas», et un peu plus loin : «Mais moi, l'immense autrui me presse de toutes parts. Il respire pour moi dans sa propre substance impénétrable.» Je vais à la foire de Contes avec ma fille. Folklore des poules et des lapins, de la socca (1), de l'huile d'olive qui, il y a peu, a obtenu l'appellation d'origine contrôlée (ces derniers mots résonnent tout à coup drôlement). 30 % d'entre ces braves gens qui ont voté Le Pen. Pas des gueux, pas des obscurs que nous absolvons benoîtement, nous qui devons n'est-ce pas connaître la lumière, pas une «bande de paumés» comme j'ai entendu dire à la radio, mais des citadins de sortie, des villageois qui ont des commerces, des maisons coquettes, des mots fleuris plein la bouche, des enfants charmants, nous-mêmes en somme. Voilà le vrai scandale qu'il nou